Page:Mirbeau - Trop tard !, paru dans L’Aurore, 02 août 1898.djvu/5

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— Quand donc cognera-t-on, à la fin ?

Dans les tribunes, deux officiers se montraient le général Billot, assis au banc des témoins. Et telle fut — ô respect de l’armée ! — leur conversation :

— C’est ce misérable qui est la cause de tout !

— Un traître !

— Un bandit !

— Un vendu !

— Il faudrait le pendre !

— Le fusiller !

— S’il était venu déclarer à la tribune : « Eh bien ! oui, Dreyfus a été illégalement, mais justement condamné !… C’est sur ordre et je m’en vante !… Maintenant, qu’on nous fiche la paix !… Et le premier intellectuel qui bouge, nous cognons dessus !… » Il n’y aurait plus rien !