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Page:Mirecourt - Émile de Girardin.djvu/72

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et de trafic, dit cette feuille, où la société est un comptoir faisant l’escompte de toutes les passions mauvaises, il s’est formé une agglomération inouïe de jeunes hommes pour l’exploitation des tendances matérielles du siècle. Ils ont trente ans à peine, et leurs contemporains ne savent rien de bien précis sur leur naissance et sur leur première jeunesse : deux problèmes ! Ils ont surgi tout à coup, mais comment ? Autre problème ! car ils n’avaient rien de ce qui attire la considération ou la foi de la foule ; il en était même qui n’avaient ni nom, ni famille, ni talent, et la fortune, en passant devant leur porte, y avait à peine laissé une besace. Ils ont fait de l’industrie, de l’art, de la littérature, en mettant au jeu les talents et les capitaux des autres, qu’ils groupaient, à force d’audace, autour d’une idée, dont, à son de trompe, ils prônaient partout les incalculables prodiges. Quand, avec cette idée, ils avaient bien joué à la faillite, et qu’ils en avaient retiré pour eux, à titre de directeurs, la vie élégante et commode de quelques mois, de quelques années, ils lançaient une autre idée à laquelle venaient se cramponner d’autres talents et d’autres capitaux. »