Page:Mireille Havet Carnaval 1922.djvu/22

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tu ne m’aimes plus, etc., quittons-nous. Puis elle s’est enfermée dans le petit salon et colloque sans doute avec votre ombre. Résultat : trois testaments. Un pour vous, vous l’aurez. »

— « Non », dit Germaine.

— « Si, dit Jérôme, vous l’aurez, un pour moi, je l’ai. Un pour Thérèse, elle ne l’aura pas. Après quoi, nouvelle grande scène, revolver en l’air, très dangereux, mais jamais chargé. »

— « Il le sera un jour », dit Germaine vexée.

— « Enfin, je vous passe la suite, ce matin, Thérèse, en venant nous réveiller, a trouvé le salon jonché de testaments. Ce mot était écrit grandeur nature sur des enveloppes idem. Le tout armorié, cacheté, enfin de façon à passer inaperçu. Le revolver au milieu. Pour un peu, elle allait chercher la police.

Dieu merci, nous vivions encore, avec quelques forces en moins peut-être, mais tout de même suffisantes pour boire un chocolat réconciliateur. Avait-on besoin, au fait, de ce chocolat, Germaine ? » – Il rit. – « Enfin, levés à des heures indues et vite ici pour vous voir, jeune homme, qui, en nous attendant, feuilletiez des revues. Encore un cocktail, encore un, Germaine ? Vous ne me paraissez pas bien réveillée, ma chérie. »

— « Décidément ce garçon est odieux, pense Daniel, rien ne compte avec lui, tant il est sûr de lui-même. Est-ce cela vraiment l’élégance, l’esprit qu’aime Germaine. Hélas, il n’est pas dénué de charme et puis il l’aime, moi aussi. »

— « Dans mon testament, dit Germaine, je vous léguais mon émeraude et mon collier. Vous ne l’auriez pas vendu, j’espère ? Si jamais je vous le donne, portez-le sur la peau, sous votre col, personne ne verra. »

— « Non, au contraire, dit Jérôme, et quand il se déshabillera dans une maison de passe, il aura