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— « Bonjour, lui cria l’autre, comment va notre amie ? »

— « Je n’en sais rien, dit Daniel, je ne la vois pas. »

— « Ah ! dit l’autre, moi j’ai dansé avec elle hier ; son mari est reparti. Elle part elle-même dans quelques jours. »

VIII

— « Vous avez eu une jolie conduite, il paraît, pendant le séjour de Jérôme, dit Germaine, aussi maintenant quelle mine, mon pauvre ami, la débauche marque, méfiez-vous. »

Il fait si chaud, ce soir, que toutes les fenêtres sont ouvertes sur le ciel pâle, la petite fille du concierge, qui a une natte dans le dos et un tablier bleu, joue à la balle dans la rue, on l’entend compter.

Germaine, nerveuse, est déjà dans les malles du prochain départ. On ne parle que couturières, robes en retard, wagon-lit. En plus, elle va au bal, le dernier de la saison, en costume de marquise vénitienne et c’est ce dernier soir qu’elle a subitement choisi pour convier Daniel.

Malgré la fièvre d’une récente bronchite, il est venu, maigri, pâle, avec les joues trop roses.

— « Vous vous fardez, maintenant. »

Il sourit et s’assied avant qu’elle ne l’y invite, tant il est las.

Il a été très malade, si malade qu’un jour il eut le désir de revoir Germaine. Elle ne répondait pas aux lettres, du reste Daniel était trop abattu pour écrire. C’est sa mère qui, malgré sa répulsion, se chargea de téléphoner.