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REVUE DU MONDE MUSULMAN

tinuèrent à le vouloir pour Imâm, et Hassân était de ceux-là. On le vit donc revenir en Perse, après son expulsion d’Égypte, pour y organiser une propagande active au nom de Nizâr. Elle aboutit neuf ans plus tard, en 1090, à la prise du château fort d’Alamoût, qui devint la capitale des Ismaéliens Persans.

On trouvera dans Malcolm, de Hammer, Defrémery, St. Guyard, et tant d’autres, des renseignements circonstanciés et des appréciations variables sur les Haschîschîn d’Alamoût, sur les Fidâwis et leurs exécutions retentissantes, dont le grand-vizir Nizâm ul-Mulk et le sultan Malik Chah furent les premières victimes. Rappelons seulement que Hassân ibn Sabbah s’écarta un peu de l’Islam, au profit de l’Imamat, et par conséquent de sa propre autorité, en l’absence d’Imâm.

Il resta d’ailleurs soumis, nominalement au moins, aux héritiers reconnus de Nizâr, qui vivaient obscurément au Caire. De même, après lui, ses deux premiers successeurs : son lieutenant Bou-Zourg-Oummid[1], et le fils de celui-ci Mohammed. Mais la situation allait changer du vivant de ce dernier, qui, pensant être le père de son continuateur désigné, un autre Hassân, eut la surprise de le voir revendiquer la situation d’arrière-petit-fils du Fatimite Nizâr.

Le Daï al Doat Mohammed répondit d’abord à ces prétentions compliquées en faisant décapiter ceux qui les soutenaient, et Hassân dut s’incliner. Il prit sa revanche après la mort du Cheikh, et son hérédité imamienne devint article de foi, puisqu’il l’affirmait. Un petit-fils de Nizâr avait été apporté à Alamoût, au temps de ben Sabbah et avait eu lui-même un fils, substitué à celui de Mohammed. C’était le nouvel Hassân, qui, sans plus de discussion généalogique, devenait, par ses déclarations, héritier

  1. D’après Browne (A Literary Historia of Persia), au lieu de Bozorgomid de St. Guyard.