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AGA KHAN

légitime de l’Imamat Ismaélien et du Khalifat Fatimite, avec le signe distinctif de la formule qui compléta son nom : Ala Dhikrihi ’S-Salâm — sur sa mention le salut — autant, ou mieux même que pour le Prophète.

Avec l’Imam Hassan, les doctrines Ismaéliennes firent un nouveau pas vers les conceptions étrangères à l’Islam. Ben Sabbah s’était contenté d’enseigner que « la spéculation et l’étude isolée ne servent de rien : on ne peut parvenir à la science véritable que sous la direction de l’Imâme »[1]. Maintenant, « les âmes revenaient s’incarner sur terre jusqu’à ce qu’elles eussent reconnu l’Imam de l’époque et atteint la perfection »[2].

Sans nous occuper des rapports d’Alamoût avec la Syrie, ni de l’histoire locale des Ismaéliens sous les nouveaux Imâms, rappelons seulement que ceux-ci se succédèrent de père en fils pendant quatre générations, jusqu’à l’époque de l’invasion mongole. En 1256, Rokn ed Dîn, le dernier des souverains d’Alamoût, dut livrer toutes ses forteresses au conquérant Houlagou, qui le fit ensuite mettre à mort. On traqua en même temps les Ismaéliens dans toute la Perse. Ils ne la quittèrent pas tous, cependant. Beaucoup se réfugièrent dans l’Afghanistan, dans l’Himalaya, et jusque dans les vallées de l’Indus et du Sindh, d’où ils passèrent dans l’Oman. Peut-être même émigrèrent-ils de l’Inde jusqu’en Malaisie. En Perse même, ils se maintenaient encore dans quelques districts montagneux, soixante-dix ans après la conquête mongole. Une expédition militaire, accompagnée d’une mission de Coranisation, les fit alors disparaître momentanément[3]. Mais, au com-

  1. St. Guyard, Un grand Maître des assassins. Journ. Asiat., 7e série, 2, IX, n°3, p. 342.
  2. Ibid, p. 360.
  3. De Hammer, Histoire de l’ordre des assassins. Trad. Hellert et de La Nourrais, p. 321.