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REVUE DU MONDE MUSULMAN

dans ce pays, la complexité si curieuse de son ethnographie et des contrées avoisinantes, ainsi que la variété des groupements religieux qui se succèdent de la Perse à l’Inde, ne permettent pas de définir exactement ce qui se rattache aux Ismaélites.

Cependant Elphinstone en fait quelques mentions, comme celle des Summulzye « ou Ismaelzye », fraction des Ghilgis, qui compte 5.000 familles[1]. M. Bellew est plus détaillé dans son ouvrage si plein de faits, dont l’intérêt subsiste malgré le « point de vue » grec[2]. On y voit tout d’abord, dans une foule de tribus, des fractions « Khoja » et plus souvent « Ismâîl», sans plus d’indications ; puis plusieurs tribus Ismâîl. Pour celles-ci, l’auteur se montre parfois hésitant. « Ismâîl, dit-il, est probablement le nom musulman substitué au nom indien de Simala, le célèbre clan Rajput[3]. » Mais un peu plus bas, parlant de la tribu Ismâîl, issue des Bitani et passée depuis aux Sarwani, il la rattache « soit aux Rajput Simala, soit aux serviteurs religieux d’Ismaël, le fondateur de la secte des « Assassins »[4].

Mêmes incertitudes pour les Ismâîl, tribu du groupe des Mati : « Le nom est peut-être le substitut musulman de Siniala Rajput, à moins qu’il ne soit la désignation patronimique des Mulahida ou Assassins.[5]» Les Bangash, grande tribu des plaines de Kuran, qui compte 10.000 feux[6], sont originaires du Sistan, d’où une tradition locale fait partir les Ismaéliens qui se réfugièrent en Afghanistan pour échapper à Houlagou. Gardez fut leur point d’arrivée,

  1. Elphinstone, loc. cit., p. 149, v. 2.
  2. The names Yunus and Ali are musulman forms of the grech Ionoi and Aïoloi. Intr. p. 14. Ali and Bai are both Greek names representing Æolian and Bœotian colonists, p. 16.
  3. Bellew, loc. cit., p. 14.
  4. Ibid., p. 14.
  5. Ibid., p. 27.
  6. Ibid., p. 104.