Page:Mission scientifique du Maroc - Revue du monde musulman, tome I, 1907.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
AGA KHAN

avait ses clients, d’autres Pirs avaient les leurs. Au-dessous des Pirs, enfin, on trouve des Khalifats qui les secondent.

Jamais on ne refuse à un Pir le garçon ou la fille qu’il dit au fidèle de lui envoyer. L’un d’eux disait à M. Biddulph : « Si j’ordonnais à un père de tuer son fils, il ne refuserait pas. » Dans leurs déplacements, les Pirs sont toujours suivis par une foule de compagnons, qui se nourrissent de leurs restes et vivent uniquement des offrandes religieuses. On envoie constamment au Pir des chevaux, du bétail, des vêtements, des céréales. Le meilleur de ce que possèdent les Maulais est pour le Pir, et les Khalifats ne s’occupent guère qu’à recueillir les dons. Une partie en est convertie en argent, et envoyée chaque année à l’Aga Khan, avec lequel les Pirs sont en correspondance directe ; on prélève même pour lui un droit sur les successions, sous forme des meilleurs objets mobiliers du mort[1].

Le Census of India nous fournit quelques autres renseignements, dont voici ceux qui s’appliquent au cas particulier de l’État de Baroda. Les Khodjas diffèrent des Sunnites, nous dit M. Jamshedji Ardeshir Dalal, en ce qu’ils tiennent les mains ouvertes en disant leurs prières, au lieu de les joindre. Leurs pratiques et dogmes sont, d’ailleurs, en général, les mêmes que ceux des Sunnites de l’école de Hajrat Pir.

Toutefois, ils conservent la photographie du premier Aga Khan dans leurs Jamat Khânas, leurs mosquées, qui sont comme des habitations ordinaires ou de grandes maisons. Les dévots s’y réunissent chaque jour, et, après avoir brûlé de l’encens devant la photographie de l’Aga Khan, ils chantent des cantilènes en son honneur. Leurs jours de tête principaux sont le Bakri Id et l’anniversaire de leur Pir. Ces jours-là, ils prient, brûlent de l’encens dans la Jamat Khâna et méditent sur leur religion.

  1. Biddulph, loc. cit.