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REVUE DU MONDE MUSULMAN

Les Khodjas sont les plus avancés aussi bien intellectuellement que matériellement de tous les Hindous convertis à l’Islamisme sous quelque nom que ce soit[1].


Sherring donnait, de son côté, des renseignements sommaires qui n’éclairent pas beaucoup la situation. Il voit dans la religion des Khodjas un mélange d’Hindouisme et de Chiisme. Ils croient aux dix incarnations et ont un édifice spécial pour le culte, le Khâna ou Kano. Mais beaucoup de réformateurs se font Sunnites chez eux, et ils ont volontiers recours au Cadhis Sunnites[2], pour les mariages, les funérailles et autres cérémonies publiques. Toute autre est l’opinion formulée dans les Bombay Governement Selections[3]. On v voit en effet que les Khodjas de l’Inde occidentale n’ont pas recours au Cadhis Musulmans, avant leur propre Mukhee à Kurache. Mais ce qui est plus intéressant, on apprend aussi, dans l’ouvrage auquel est empruntée cette dernière donnée, que les Khodjas de l’Oman, rapprochés des Karmathes de Bahreïn par le lien commun du Bathénisme, sont, somme toute, aussi éclectiques en Arabie qu’aux Indes, ou dans l’Asie Iranienne et Afghane.

Ce fait s’explique aisément, si on songe que les sept étapes de l’ancienne doctrine formaient une gamme complète allant de l’affirmation à la négation de l’Islam. Au point de départ, nous voyons actuellement des accommodements avec le Sunnisme et le Chiisme, avec le Kafirisme Judéo-Nestorien, comme avec le Nosaïrisme et l’Hindouisme. Cela équivaut au mot d’ordre initial d’être, autant que possible, bien avec tout le monde. Mais au-dessus des classes populaires, quelles sont les tendances dominantes prépondérantes des Khodjas ?

  1. Census of India Baroda. I, p. 154-155.
  2. Sherring, t. II, p. 241 et 354.
  3. Seyyds of Oman, p. 164.