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échec à son autorité. On rendait à sa personne des honneurs presque divins. L’effigie du roi n’était jamais frappée sur la monnaie, car sa face sacrée eût pu tomber entre les mains du bas peuple ou rouler à terre, ce qui eût été un manque de respect. Jusqu’en 1894, le royaume de Corée, sous la suzeraineté de la Chine, était organisé sur le modèle de la Chine des Ming, Tout finalement était reporté au Roi qui prenait avis du Grand Conseil d’État, composé de trois grands personnages, l’Admirable Conseiller, le Conseiller de Gauche et le Conseiller de Droite. Sous ce Grand Conseil, il y avait le Conseil Privé, la Cour des Censeurs, la Cour des Remontrances, la Haute Cour de Justice, les six ministères du Cens, des Rites, de la Guerre, de la Justice, des Travaux publics, de l’Intérieur ou des Emplois civils. Le royaume était divisé en huit provinces, comprenant un peu plus de 300 arrondissements. À la tête des provinces et des districts, il y avait des gouverneurs et des préfets ayant en mains les pouvoirs les plus divers. Ils étaient tour à tour, ou à la fois, administrateurs, commandants militaires, juges et percepteurs d’impôts, prêtres officiels pour les sacrifices à offrir à date fixe aux Génies du Royaume et pour les Rites à accomplir envers Confucius.

Chaque année, pour reconnaître la suzeraineté de la Chine, le roi de Corée envoyait à Pékin une ambassade chargée d’aller offrir à l’empereur le tribut de la Corée et recevoir le calendrier officiel, car la fixation du calendrier était un droit impérial, exclusivement réservé à la personne du Fils du Ciel. Ce tribut d’ailleurs était, paraît-il, largement compensé par les présents que le Fils du Ciel faisait au Roi, quand toutefois il était content de lui. Les Annales de Chine rapportent, en effet, que parfois l’Empereur privait son vassal de présents pendant une ou plusieurs années. À la mort d’un membre de la famille royale, un ambassadeur chinois apportait à Séoul les condoléances et les présents de l’Empereur. Enfin, à l’avénement d’un nouveau roi coréen, une ambassade impériale venait de Pékin lui donner l’investiture ; la Chine étant pour la Corée « La Grande Contrée », c’était sous ce nom surtout qu’on la désignait. Mais à part ces marques de vassalité, la Corée était pratiquement indépendante