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durant l’invasion japonaise : la situation ne s’y prêtait guère, et les habitants du pays n’étaient pas disposés à écouter un prédicateur d’une religion nouvelle, alors qu’il se présentait à eux à la suite de leurs envahisseurs. Ce ne fut que 2 siècles plus tard que le jour du salut se leva enfin sur la Corée. Voici comment la Providence disposa toutes choses, négligeant cette fois de se servir d’instruments conscients pour la réussite de ses desseins. Car c’est un fait vraiment extraordinaire que cette Église de Corée prenant naissance sans évangélisation directe. C’est le cas de répéter le mot des Saints Livres : « Attingit a fine usque ad finem, et disponit omnia suaviter. » Le roi de Corée était tenu, nous l’avons vu dans l’avant-propos, d’envoyer chaque année à Pékin des ambassadeurs, chargés d’offrir un tribut à l’Empereur. Or, ces envoyés eurent l’occasion, durant leur séjour à la capitale chinoise, de voir les Jésuites en résidence à la cour. Ceux-ci à plusieurs reprises leur donnèrent des livres chinois, composés par eux, livres où il était traité soit des sciences naturelles, soit du catholicisme. Les Annales coréennes mentionnent que, déjà en 1631, un ambassadeur de Corée put se mettre en relation avec ces fameux Jésuites, et au commencement du 17ème siècle, l’ouvrage du Père Ricci « Véritables principes sur Dieu » est déjà connu en Corée.

Les Coréens, gens très curieux et très avides de sciences, ne tardèrent pas à avoir entre les mains plusieurs de ces livres. Les lettrés se les passaient de mains en mains. Un jour plusieurs docteurs coréens célèbres eurent l’idée de se retirer dans la solitude, et de vaquer à l’étude de la philosophie. Parmi eux se trouvaient Ri Tek-tjo, surnommé Pyek-i, c’est-à-dire l’obstiné, Kouen tjyel-sin-i et les deux frères Tyeng Yak-tjyen et Tyeng Yak-yong. Après avoir examiné diverses questions touchant la nature humaine, le ciel, le monde, ils en vinrent à parcourir ensemble les livres chrétiens tombés entre leurs mains. Or, la doctrine qui y était exposée sur la providence de Dieu, sur l’âme, sur les vertus et les vices, leur parut si belle, qu’aussitôt ils se décidèrent à conformer leurs mœurs aux préceptes divins. Ce fait date de 1777. La semence précieuse était déposée. Peu à peu, nous allons la voir germer. Le père d’un ami intime de