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faits prêtres. Tous, dans la bonne foi la plus absolue, ils commencèrent à prêcher, baptiser, confesser, confirmer et célébrer la Messe, excitant grandement la ferveur parmi les fidèles. Il y avait déjà deux ans (1789) qu’ils se livraient ainsi à ce multiple ministère, quand, examinant plus attentivement certains de leurs livrés religieux, il leur vint à l’esprit un doute angoissant sur la validité de leur élection. De suite, ils cessèrent toute fonction sacrée et par lettres ils consultèrent l’évêque de Pékin.

Celui-ci, dans sa réponse, tout en les exhortant à persévérer dans la foi, les gourmanda et leur reprocha de s’être témérairement attribué le droit d’exercer des fonctions que seule la Sainte Église avait le pouvoir de concéder par le sacrement de l’ordre. Pour les consoler, il ajoutait qu’il leur était toutefois permis de se livrer au ministère de la prédication, d’enseigner les chrétiens, de convertir et de baptiser les infidèles, œuvres qui ne pouvaient qu’être agréables à Dieu. La réponse épiscopale fut reçue avec grande joie par les coréens, qui de suite se soumirent aux ordres reçus, mais sentant combien la religion qu’ils avaient embrassée, était vide sans la présence du prêtre qui l’anime et lui donne sa vraie force par les sacrements dont il est le ministre et le dispensateur, vite ils envoyèrent à Pékin deux délégués chargés à la fois de demander des missionnaires et d’interroger sur la licéité de certains rites et sur le culte des ancêtres. (1790)

L’Évêque promit qu’un missionnaire partirait bientôt les consoler et les diriger ; en même temps, il les mit en garde contre les superstitions et le culte des ancêtres, leur déclarant que tout cela était illicite. Grande fut la joie des chrétiens en apprenant l’arrivée prochaine d’un prêtre, mais la solution du cas de conscience au sujet des rites fut pour plusieurs la pierre d’achoppement. Ri Pierre lui-même, qui une fois avait en la faiblesse d’apostasier, que nous avons vu poursuivi du saint désir d’établir en Corée la hiérarchie, fut du nombre de ceux qui ne purent se résigner à abandonner la pratique des superstitions en mémoire des parents défunts.

ARRIVÉE DU PRÊTRE CHINOIS Jacques TJYOU. SON MARTYRE. — En 1791 l’évêque de Pékin, fidèle à sa promesse,