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avait envoyé aux frontières de Corée un prêtre de Macao, le Père Jean Dos Rémédios, mais la persécution venait d’éclater et les fidèles n’avaient pu envoyer personne au rendez-vous fixé. d’avance pour l’introduction du missionnaire. Le prêtre, à son grand regret, dut retourner à Pékin. Durant ce temps, à Séoul et dans les provinces, beaucoup de néophytes confessaient le nom de Jésus-Christ dans les tourments et remportaient la palme du martyre. Il y eut toutefois à déplorer plusieurs défections.

Malgré cette persécution, malgré ces apostasies toujours inévitables, le nombre des chrétiens montait à plus de 4.000 en 1794, et la présence d’un prêtre était de plus en plus nécessaire. Jean Dos Rémédios sur ces entrefaites était mort sans avoir pu pénétrer en Corée. C’est un prêtre chinois, le Père Jacques Tjyou, qui fut désigné pour le remplacer. Plus heureux, il put rencontrer les chrétiens venus le guider, et au commencement de 1795 il entrait à Séoul. Avec zèle et ardeur, il se mit à administrer les sacrements, mais sa présence ne tarda pas à être connue. Il n’eut que le temps de se mettre en lieu sûr pour éviter le mandat d’arrestation lancé contre lui par ordre du Roi. Seul, le maître de maison du P. Tjyou et les deux chrétiens qui l’avaient introduits en Corée, furent arrêtés. Tous les trois subirent la mort glorieuse du martyre et leurs corps furent jetés dans le fleuve, situé à une lieue de la capitale. La persécution, qui n’était que locale, s’étant bientôt apaisée, le missionnaire, tout en prenant les précautions les plus minutieuses, put durant cinq ans se livrer avec fruit à l’administration des chrétiens. Ceux-ci, en effet, ne firent qu’augmenter en nombre, et en 1801, ils étaient plus de 10.000. Pour promouvoir la propagation de la foi et se faire aider efficacement dans un ministère trop chargé pour un seul prêtre, il avait fondé la Confrérie de la Doctrine chrétienne. Cette institution excita au plus haut degré la ferveur des fidèles, et produisit des résultats merveilleux. Aussi les chrétiens entretenaient-ils l’espoir de faire triompher enfin la vérité. Malgré l’opposition secrète des Ministres, les conversions se multipliaient, à la capitale surtout. Survint malheureusement la mort inopinée du Roi Tjyeng-tjyong. Son fils et successeur étant trop jeune, une Régence fut établie ; le parti jusqu’alors