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au pouvoir, et dans lequel surtout s’était propagée la religion catholique, perdit tout crédit et se vit supplanter par le parti adverse, tout dévoué à la Régente, mais ennemi du nom chrétien. Un malheureux incident suffit bientôt pour rallumer la persécution. Une caisse contenant des livres et objets religieux, avec plusieurs lettres du Père Tjyou, fut découverte par les satellites ; d’où grand émoi chez les dignitaires. Les chrétiens furent de nouveau poursuivis, arrêtés, emprisonnés ; le Père, sachant sa tête mise à prix, et désireux de faire épargner ses ouailles, alla se livrer aux juges le 21 Avril 1801. Au tribunal, il défendit éloquemment la foi catholique, et après avoir subi diverses tortures, il fut condamné à mort et exécuté le 31 Mai, jour de la fête de la Sainte Trinité.

MARTYRE DE NOMBREUX CHRÉTIENS. — En cette même année, 300 chrétiens cueillirent tour à tour la palme du martyre. Ce fut la première des quatre grandes persécutions qui ensanglantèrent l’Église de Corée. Nous verrons en effet plus loin quels nombreux martyrs elle inscrivit à son martyrologe en 1839, 1846, 1866 et années suivantes. Il serait trop long de vouloir énumérer les noms de ces vaillants qui confessèrent le nom de Jésus-Christ au cours de cette année 1801. Quelques-uns toutefois méritent une mention spéciale. Quelque temps après la mort du P. Tjyou, fut martyrisée Kang Colombe, femme intrépide et chrétienne exemplaire, qui, plusieurs années durant, et au péril de sa vie, avait donné l’hospitalité au prêtre catholique. Vers la même époque, deux princesses, alliées à la famille royale, et converties par le P. Tjyou, furent condamnées avec leurs esclaves à vider une coupe empoisonnée. À Tjyentjyou, dans le sud de la Corée, deux jeunes mariés, Ryou Jean et Ri Luthgarde, versèrent généreusement leur sang pour la foi. Luthgarde avait fait avant son mariage, le vœu de virginité. Mais en Corée, à cette époque surtout, c’était chose inouïe de ne pas marier une fille. Aussi le P. Tjyou, après mûr examen, avait-il conseillé à Luthgarde de se marier à Ryou Jean, jeune homme animé des mêmes dispositions qu’elle. Ce qui fut fait, et tous deux, lors de leur