Page:Moisy - Noms de famille normands étudiés dans leurs rapports avec la vieille langue et spécialement avec le dialecte normand ancien et moderne.djvu/24

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comme quand ilz en ont nommé quelcun Soter ou Callinicos, c’est à dire sauveur et victorieux ; ou de quelque marque apparente au visage ou en la personne , comme Physcon et Grypos, c’est à dire ventru ou qui a Je ventre grand et le nez aquilin ; ou de quelque vertu, comme Evergetes et Philadelphos, c’est à dire bienfaitteur et aimant ses frères ; ou de la félicité comme Eudœmon, c’est à dire l’heureux. Car, ainsi fut surnommé le second des Battus. Et y a eu des roys à qui est demouré pour surnom le brocard de quelque moquerie, comme à l’un des Antigènes, qui fut surnommé Doson, c’est à dire qui donnera , pour ce qu’il promettoit tous jours et jamais ne donnoit ; et l’un des Ptolemées qui fut appelé Lamyros, c’est à dire plaisanteur et babillard. Et de ceste façon d’imposer les noms pris de quelque traict de moquerie, les Romains en ont plus usé que nulz autres. Comme il y eut un Metellus qui fut surnommé Diadematus, c’est à dire le bandé, pour ce qu’il porta longuement un bandeau à l’entour de sa teste, à cause d’un ulcère qu’il avoit au front. Et en eut un autre de la mesme famille qui fut appelé Celer, c’est à dire prompt, à cause qu’en bien peu de jours après la mort de son père, il feit veoir au peuple des combats de gladiateurs, c’est à dire d’escrimeurs à oultrance , dont on trouva l’appareil, pour la briefveté du temps, admirable. Les autres ont eu des surnoms tirés