Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/108

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puisqu’il n’en veut point, il n’y a rien de plus aisé que de le contenter : je m’en vais courir après lui.

(Il sort.)

Scène III

Angélique, Valère, Cathau.
Angélique

Monsieur, je vous assure que vous m’obligez beaucoup de me tenir quelquefois compagnie ; mon mari est si mal bâti, si débauché, si ivrogne, que ce m’est un supplice d’être avec lui, et je vous laisse à penser quelle satisfaction on peut avoir d’un rustre comme lui.

Valère

Mademoiselle, vous me faites trop d’honneur de me vouloir souffrir. Je vous promets de contribuer de tout mon pouvoir à votre divertissement ; et, puisque vous témoignez que ma compagnie ne vous est point désagréable, je vous ferai connoître par mes empressements combien j’ai de joie de la bonne nouvelle que vous m’apprenez.

Cathau

Ah ! Changez de discours, voyez porte-guignon qui arrive.



Scène IV

Le Barbouillé, Valère, Angélique, Cathau.
Valère

Mademoiselle, je suis au désespoir de vous apporter de si méchantes nouvelles ; mais aussi bien les auriez-vous apprises de quelque autre ; et, puisque votre frère est fort malade…

Angélique

Monsieur, ne m’en dites pas davantage ; je suis votre servante, et vous rends grace de la peine que vous avez prise.

Le Barbouillé

Ma foi, sans aller chez le notaire, voilà le certificat de mon cocuage. Ha ! ha ! madame la carogne, je vous trouve avec un homme, après toutes les défenses que je vous ai faites, et vous me voulez envoyer de Gemini en Capricorne !

Angélique

Hé bien ! faut-il gronder pour cela ? Ce monsieur vient de m’apprendre que mon frère est bien malade : où est le sujet de querelle ?