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PRÉCIS DE L’HISTOIRE

déjà dit, des membres du clergé, d’abord parce que le clergé fut longtemps l’unique représentant de la littérature, ensuite parce qu’il trouvait dans les spectacles de cette espèce un moyen indirect d’instruire le peuple des faits de la religion. Peu à peu cependant les laïques intervinrent, et toutes les classes de la société fournirent leur contingent d’écrivains dramatiques. Au premier rang de ces écrivains nous mentionnerons, du douzième au quinzième siècle, Hilaire, disciple d’Abailard ; Jean Bodel, Simon Gréban, Arnoul Gréban, Antoine Chevalet, de Grenoble ; Jean d’Abondance, notaire royal du Pont-Saint-Esprit ; Jacques Mirlet, étudiant ès lois à l’université d’Orléans ; le trouvère Rutebeuf, André de la Vigne, historiographe d’Anne de Bretagne ; Jean Michel, d’Angers, l’écrivain dramatique le plus fécond du quinzième siècle ; Louis Choquet, Marguerite de Valois[1]. Composés à l’origine par des prêtres, comme on l’a vu, les drames sacrés du moyen âge furent aussi représentés par des prêtres. Plus tard, les acteurs se recrutèrent dans toutes les classes, principalement dans les confréries des corps d’arts et métiers. Les officiers des échevinages, les gens de robe, les nobles eux-mêmes se réunirent aux confréries, et ce n’était pas trop de ce concours pour jouer des pièces où figuraient souvent six cents personnages.

Les villes, les corporations, le clergé contribuaient par des largesses, des quêtes ou des aumônes, aux frais considérables nécessités par ces jeux, célébrés à l’occasion des grandes fêtes nationales ou religieuses. Le théâtre, établi

  1. Parmi les principaux miracles et mystères, nous indiquerons ceux qui ont été retrouvés par l’abbé Lebeuf dans l’abbaye de Saint-Benoît sur Loire, et qui ont été publiés en 1834 sous le titre de Miracula ad scenam ordinata. — Ludus Pascalis de adventu et interstu Antechristi. — Les Vierges sages et les Vierges folles. — Le Mystère de Saint-Christophle. — Le Mystère de Saint-Crespin et Saint-Crespinien. — Buhez Santez-Nonn, ou Vie de Sainte-Nonne, mystère en langue bretonne, antérieur au douzième siècle. — Le Miracle de Théophile. — Le Miracle de Nostre-Dame d’Amis et d’Amille. — Le Mystère de la sainte Hostie. — Le Miracle de Nostre-Dame de Robert le Diable. — Le Mystère de la Passion (par Jean-Michel). — La Nativité de Nostre-Seigneur Jésus-Christ. — Le Mystère de la Vie et l’Histoire de monseigneur Saint-Martin. — Le Mystère de l’Institution des Frères Prêcheurs. — Le Mystère de l’Apocalypse de Saint-Jean-Zébédée. — Le triomphant Mystère des Actes des Apôtres, etc. — Voir pour l’indication de ces diverses compositions, Brunet, Manuel du Libraire, Paris, 1844, in-8o, t. V, p. 336 et suiv.