Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/277

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Et moi, pour vous suivre au dessein de tout rendre,
Voilà le diamant que vous m’aviez fait prendre.


Marinette

Fort bien.


Éraste

Il est à vous encor ce bracelet.


Lucile

Et cette agate à vous, qu’on fit mettre en cachet.

Éraste, lit


« Vous m’aimez d’une amour extrême,
Éraste, et de mon cœur voulez être éclairci :
Si je n’aime Éraste de même,
Au moins aimé-je fort qu’Éraste m’aime ainsi.
Lucile. »

Éraste, continue


Vous m’assuriez par là d’agréer mon service ?
C’est une fausseté digne de ce supplice.

Lucile, lit


« J’ignore le destin de mon amour ardente,
Et jusqu’à quand je souffrirai ;
Mais je sais, ô beauté charmante,
Que toujours je vous aimerai.
Éraste. »
(Elle continue.)
Voilà qui m’assuroit à jamais de vos feux ?
Et la main et la lettre ont menti toutes deux.


Gros-René

Poussez.


Éraste

Elle est de vous ; suffit : même fortune.


Marinette

Ferme.


Lucile

J’aurois regret d’en épargner aucune.


Gros-René

N’ayez pas le dernier.


Marinette

Tenez bon jusqu’au bout.


Lucile