Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/287

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voyez tous deux comme l’on nous menace,
Combien de tous côtés…

Valère

Que regardes-tu là ?

Mascarille

C’est qu’il sent le bâton du côté que voilà.
Enfin, si maintenant ma prudence en est crue,
Ne nous obstinons point à rester dans la rue :
Allons nous renfermer.

Valère

Nous renfermer, faquin !
Tu m’oses proposer un acte de coquin !
Sus, sans plus de discours, résous-toi de me suivre.

Mascarille

Eh ! Monsieur, mon cher maître, il est si doux de vivre !
On ne meurt qu’une fois, et c’est pour si longtemps !

Valère

Je m’en vais t’assommer de coups, si je t’entends.
Ascagne vient ici, laissons : il faut attendre
Quel parti de lui-même il résoudra de prendre.
Cependant avec moi viens prendre à la maison
Pour nous frotter.

Mascarille

Je n’ai nulle démangeaison.
Que maudit soit l’amour, et les filles maudites
Qui veulent en tâter, puis font les chattemites !




Scène V, 5




Ascagne

Est-il bien vrai, Frosine, et ne rêvé-je point ?
De grâce, contez-moi bien tout de point en point.

Frosine

Vous en saurez assez le détail ; laissez faire :
Ces sortes d’incidents ne sont pour l’ordinaire
Que redits trop de fois de moment en moment.
Suffit que vous sachiez qu’après ce testament
Qui vouloit un garçon pour tenir sa promesse,