L’embonpoint merveilleux, l’œil gai, l’âme contente,
Et je suis maintenant ma commère dolente.
Pendant cet heureux temps, passé comme un éclair,
Je me couchais sans feu dans le fort de l’hiver,
Sécher même les draps me semblait ridicule,
Et je tremble à présent dedans la canicule.
Enfin il n’est rien tel, Madame, croyez-moi,
Que d’avoir un mari la nuit auprès de soi,
Ne fût-ce que pour l’heur d’avoir qui vous salue
D’un Dieu vous soit en aide alors qu’on éternue.
Peux-tu me conseiller de commettre un forfait,
D’abandonner Lélie, et prendre ce mal-fait.
Votre Lélie aussi, n’est ma foi qu’une bête,
Puisque si hors de temps son voyage l’arrête,
Et la grande longueur de son éloignement
Me le fait soupçonner de quelque changement.
Ah ! ne m’accable point par ce triste présage,
Vois attentivement les traits de ce visage,
Ils jurent à mon cœur d’éternelles ardeurs,
Je veux croire après tout qu’ils ne sont pas menteurs,
Et comme c’est celui que l’art y représente
Il conserve à mes feux une amitié constante.
Il est vrai que ces traits marquent un digne amant,
Et que vous avez lieu de l’aimer tendrement.
Et cependant il faut… ah ! soutiens-moi.
Laissant tomber le portrait de Lélie.
D’où vous pourrait venir… ah ! bons dieux ! elle pâme.
Hé ! vite, holà, quelqu’un.
Scène III