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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/476

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tous les contes bleus de ces discours de rien.
Ils croyent que tout cède à leur perruque blonde,
Et pensent avoir dit le meilleur mot du monde
Lorsqu’ils viennent, d’un ton de mauvais goguenard,
Vous railler sottement sur l’amour d’un vieillard ;
Et moi d’un tel vieillard je prise plus le zèle
Que tous les beaux transports d’une jeune cervelle.
Mais n’aperçois-je pas… ?

Sganarelle
Oui, l’affaire est ainsi.
Ah ! Je la vois paroître, et la servante aussi.

Ariste
Léonor, sans courroux, j’ai sujet de me plaindre :
Vous savez si jamais j’ai voulu vous contraindre,
Et si plus de cent fois je n’ai pas protesté
De laisser à vos voeux leur pleine liberté ;
Cependant votre coeur, méprisant mon suffrage,
De foi comme d’amour à mon insu s’engage.
Je ne me repens pas de mon doux traitement ;
Mais votre procédé me touche assurément ;
Et c’est une action que n’a pas méritée
Cette tendre amitié que je vous ai portée.

Léonor
Je ne sais pas sur quoi vous tenez ce discours ;
Mais croyez que je suis de même que toujours,
Que rien ne peut pour vous altérer mon estime,
Que toute autre amitié me paroîtrait un crime,
Et que si vous voulez satisfaire mes voeux,
Un saint nœud dès demain nous unira nous deux.

Ariste
Dessus quel fondement venez-vous donc, mon frère… ?

Sganarelle
Quoi ? Vous ne sortez pas du logis de Valère ?
Vous n’avez point conté vos amours aujourd’hui ?
Et vous ne brûlez pas depuis un an pour lui ?

Léonor
Qui vous a fait de moi de si belles peintures
Et prend soin de forger de telles impostures ?


Scène 9

Isabelle