Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/477

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Ma soeur, je vous demande un généreux pardon,
Si de mes libertés j’ai taché votre nom.
Le pressant embarras d’une surprise extrême
M’a tantôt inspiré ce honteux stratagème :
Votre exemple condamne un tel emportement ;
Mais le sort nous traita nous deux diversement.
Pour vous, je ne veux point, monsieur, vous faire excuse :
Je vous sers beaucoup plus que je ne vous abuse.
Le ciel pour être joints ne nous fit pas tous deux :
Je me suis reconnue indigne de vos voeux ;
Et j’ai bien mieux aimé me voir aux mains d’un autre,
Que ne pas mériter un coeur comme le vôtre.

Valère
Pour moi, je mets ma gloire et mon bien souverain
à la pouvoir, monsieur, tenir de votre main.

Ariste
Mon frère, doucement il faut boire la chose :
D’une telle action vos procédés sont cause ;
Et je vois votre sort malheureux à ce point,
Que, vous sachant dupé, l’on ne vous plaindra point.

Lisette
Par ma foi, je lui sais bon gré de cette affaire,
Et ce prix de ses soins est un trait exemplaire.

Léonor
Je ne sais si ce trait se doit faire estimer ;
Mais je sais bien qu’au moins je ne le puis blâmer.

Ergaste
Au sort d’être cocu son ascendant l’expose,
Et ne l’être