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J.-B. POQUELIN DE MOLIERE.

indications mêmes du roi, le sujet des Amants magnifiques ; le 14 octobre de la même année, il jouait à Chambord le Bourgeois gentilhomme, et au carnaval suivant, il inaugurait par une pièce à grand spectacle, Psyché, écrite en collaboration avec Corneille et Quinault, la salle des machines que Louis XIV avait fait construire aux Tuileries[1]. Ce prince étant parti peu de temps après pour visiter les places du Rhin, le poëte, dit M. Bazin, n’eut à servir que le public, et le 24 mai 1671, il donna les Fourberies de Scapin. À la fin de la même année, il écrit encore pour les fêtes de la cour la Comtesse d’Escarbagnas ; enfin, le 11 mars 1672, il livra par les Femmes savantes le suprême et dernier combat de cette guerre qu’il avait, depuis longtemps, déjà déclarée à l’exagération du langage et des sentiments, et qui s’était ouverte par la brillante escarmouche des Précieuses.

Molière en était là de ses triomphes, et l’Académie lui offrait la première place vacante, sous la réserve toutefois qu’il renoncerait à monter sur les planches, lorsqu’il sentit augmenter la toux convulsive qui ne l’avait jamais quitté. « On veut, dit M. Bazin, que dans ces derniers temps une réconciliation avec sa femme ait aggravé ses souffrances, et il est certain qu’il lui naquit, le 15 septembre 1672, un fils qui mourut presque aussitôt. Dans cette condition, il ne vit rien de plus plaisant à peindre que la folie d’un homme en bonne santé qui se croirait malade et soumettrait son corps bien portant à toutes les prescriptions de la médecine, c’est-à-dire la contre-partie exacte de son propre fait… Il s’enivra, on peut le dire, de cette idée, au point d’en faire tout le sujet d’une comédie bouffonne qui devait, le carnaval prochain, délasser le roi de ses nobles travaux ; car on était au retour de la première et glorieuse campagne en Hollande. Personne ne nous apprend

  1. Voy. Castil-Blaze, Molière musicien. Paris, 1852, in-8o.