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J.-B. POQUELIN DE MOLIERE.

pension faite par le roi à sa troupe, et ce qu’il touchait encore comme acteur ; le chiffre total pour treize années s’élève à 160,021 livres 19 sous[1].

La bibliothèque de Molière fut dispersée à sa mort, et de tous les livres qui ont été en sa possession on n’en connaît aujourd’hui que deux, dont l’un de Imperio Magni Mongolis, porte sa signature au bas du titre.

Nous sommes plus heureux pour son portrait. Il en existe deux : l’un de Coypel, qui nous fait connaître Molière à l’âge de trente ans environ, c’est celui dont la gravure se trouve en tête de notre édition ; l’autre qui a été peint par Mignard quelques années plus tard. Il y a de ce dernier plusieurs reproductions, mais l’original est assurément la toile que la Comédie Française a acquise en 1868 des héritiers Vidal[2]. Le peintre qui a si bien rendu la beauté du regard, le feu des yeux et l’accent de physionomie du Contemplateur, devait assurément être l’ami intime de Molière, comme l’était Mignard. On retrouve aussi dans ce portrait la couleur éclatante et un peu crue de cet artiste et le mouvement de sa touche. Ces deux portraits, celui de Coypel et celui de Mignard, reproduisent les mêmes traits de Molière, avec les différences d’âge, accusent la même physionomie, la même expression, et prouvent ainsi, l’un par l’autre, leur parfaite ressemblance au modèle. Par cela même, ils enlèvent toute valeur aux autres portraits de Molière, qu’on a placés légèrement en tête des nombreuses éditions de ses œuvres.

III

Une femme de beaucoup d’esprit, une actrice de la troupe de Molière, mademoiselle Poisson, nous a laissé

  1. Le Roman de Molière, p. 121.
  2. Violoniste distingué, arrière-petit-fils par sa mère du peintre Rigaud.