Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/201

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Celle, Madame, de tâcher d’apprendre de vous vers lequel des deux Princes peut incliner votre cœur.

ÉRIPHILE.

La Princesse ma mère montre un esprit judicieux dans le choix qu’elle a fait de vous pour un pareil emploi. Cette commission, Sostrate, vous a été agréable sans doute, et vous l’avez acceptée avec beaucoup de joie.

SOSTRATE.

Je l’ai acceptée, Madame, par la nécessité que mon devoir m’impose d’obéir ; et si la Princesse avait voulu recevoir mes excuses, elle aurait honoré quelque autre de cet emploi.

ÉRIPHILE.

Quelle cause, Sostrate, vous obligeait à le refuser ?

SOSTRATE.

La crainte, Madame, de m’en acquitter mal.

ÉRIPHILE.

Croyez-vous que je ne vous estime pas assez pour vous ouvrir mon cœur, et vous donner toutes les lumières que vous pourrez désirer de moi sur le sujet de ces deux Princes ?

SOSTRATE.

Je ne désire rien pour moi là-dessus, Madame, et je ne vous demande que ce que vous croirez devoir donner aux ordres qui m’amènent.

ÉRIPHILE.

Jusques ici je me suis défendue de m’expliquer, et la Princesse ma mère a eu la bonté de souffrir que j’aie reculé toujours ce choix qui me doit engager ; mais je serai bien aise de témoigner à tout le monde que je veux faire quelque chose pour l’amour de vous ; et si vous m’en pressez, je rendrai cet arrêt qu’on attend depuis si longtemps.

SOSTRATE.

C’est une chose, Madame, dont vous ne serez point importunée par moi, et je ne saurais me résoudre à presser une Princesse qui sait trop ce qu’elle a à faire.

ÉRIPHILE.

Mais c’est ce que la Princesse ma mère attend de vous.

SOSTRATE.

Ne lui ai-je pas dit aussi que je m’acquitterais mal de cette commission ?

ÉRIPHILE.

Ô