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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/285

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CLÉONTE.

Peut-on rien voir d’égal, Covielle, à cette perfidie de l’ingrate Lucile ?

COVIELLE.

Et à celle, monsieur, de la pendarde de Nicole ?

CLÉONTE.

Après tant de sacrifices ardents, de soupirs et de vœux que j’ai faits à ses charmes !

COVIELLE.

Après tant d’assidus hommages, de soins et de services que je lui ai rendus dans sa cuisine !

CLÉONTE.

Tant de larmes que j’ai versées à ses genoux !

COVIELLE.

Tant de seaux d’eau que j’ai tirés au puits pour elle !

CLÉONTE.

Tant d’ardeur que j’ai fait paroître à la chérir plus que moi-même !

COVIELLE.

Tant de chaleur que j’ai soufferte à tourner la broche à sa place !

CLÉONTE.

Elle me fuit avec mépris !

COVIELLE.

Elle me tourne le dos avec effronterie !

CLÉONTE.

C’est une perfidie digne des plus grands châtiments.

COVIELLE.

C’est une trahison à mériter mille soufflets.

CLÉONTE.

Ne t’avise point, je te prie, de me parler jamais pour elle.

COVIELLE.

Moi, monsieur ? Dieu m’en garde !

CLÉONTE.

Ne viens point m’excuser l’action de cette infidèle.

COVIELLE.

N’ayez pas peur.

CLÉONTE.

Non, vois-tu, tous tes discours pour la défendre ne serviront de rien.