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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 01.djvu/58

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Angélique

Il faut que je t’attrape. Si je peux entrer dans la maison subtilement cependant que tu me chercheras, chacun aura bien son tour.

Le Barbouillé

Eh bien, ne savois-je pas bien qu’elle n’étoit pas si sotte ? Elle est morte, et si elle court comme le cheval de Pacolet[1]… Ma foi, elle m’avoit fait peur tout de bon. Elle a bien fait de gagner du pied ; car, si je l’eusse trouvée en vie, après m’avoir fait cette frayeur-là, je lui aurois apostrophé cinq ou six clystères de coups de pied dans le cul, pour lui apprendre à faire la bête. Je m’en vais me coucher cependant. Oh ! oh ! je pense que le vent a fermé la porte. Hé ! Cathau, Cathau, ouvre-moi.

Angélique

Cathau, Cathau ! Eh bien, qu’a-t-elle fait, Cathau ? et d’où venez-vous, monsieur l’ivrogne ? Ah ! vraiment, va, mes parens, qui vont venir dans un moment, sauront tes vérités. Sac à vin, infâme, tu ne bouges du cabaret, et tu laisses une pauvre femme avec des petits enfants, sans savoir s’ils ont besoin de quelque chose, à croquer le marmot tout le long du jour !

Le Barbouillé

Ouvre vite, diablesse que tu es, ou je te casserai la tête !


Scène XII

Gorgibus, Villebrequin, Angélique, le Barbouillé.
Gorgibus

Qu’est ceci ? Toujours de la dispute, de la querelle et de la dissension !

Villebrequin

Eh quoi ! vous ne serez jamais d’accord ?

Angélique

Mais voyez un peu, le voilà qui est soûl, et revient, à l’heure qu’il est, faire un vacarme horrible ; il me menace.

Gorgibus

Mais aussi ce n’est pas l’heure de revenir. Ne devriez-

  1. Proverbe populaire.