Ce vous est une attente vaine.
Je tiens à vos beautés par un nœud trop serré,
Pour pouvoir un moment en être séparé :
Je vous suivrai partout, Alcmène.
Et moi, partout je vous fuirai.
Je suis donc bien épouvantable ?
Plus qu’on ne peut dire, à mes yeux.
Oui, je vous vois comme un monstre effroyable,
Un monstre cruel, furieux,
Et dont l’approche est redoutable,
Comme un monstre à fuir en tous lieux.
Mon cœur souffre, à vous voir, une peine incroyable ;
C’est un supplice qui m’accable ;
Et je ne vois rien sous les cieux
D’affreux, d’horrible, d’odieux,
Qui ne me fût plus que vous supportable.
En voilà bien, hélas, que votre bouche dit.
J’en ai dans le cœur davantage ;
Et pour s’exprimer tout, ce cœur a du dépit
De ne point trouver de langage.
Hé ! que vous a donc fait ma flamme,
Pour me pouvoir, Alcmène, en monstre regarder ?
Ah ! juste Ciel ! cela peut-il se demander ?
Et n’est-ce pas pour mettre à bout une âme ?
Ah ! d’un esprit plus adouci...
Non, je ne veux du tout vous voir, ni vous entendre.
Avez-vous bien le cœur de me traiter ainsi ?