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Page:Molinier - Les Sources de l’histoire de France, 1re partie, vol. 1, 1901.djvu/16

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D’autre part, ces recherches d’archéologie n’ont point fait négliger l’étude critique des textes de l’antiquité classique. Dès 1738, D. Bouquet donnait, au tome Ier des Historiens de France, les passages des auteurs grecs et latins relatifs à l’histoire et à la géographie de la Gaule. Le travail a été repris de nos jours pour la littérature grecque, et le recueil de M. Cougny, recueil dont l’ordonnance et l’exécution ont été à bon droit critiquées,.renferme à peu près tous les renseignements utiles que cette littérature nous a transmis sur l’histoire, la géographie et l’ethnographie anciennes de notre pays. Recueillir tous ces fragments, c’était sans doute faire œuvre utile, mais il fallait encore en tirer des conclusions précises. Plusieurs érudits français et étrangers se sont imposé cette tâche : dès 1838, paraissait l’ouvrage, classique aujourd’hui, de Zeuss ; puis viennent, pour ne citer que les plus célèbres, Roger de Belloguet, Müllenhoff, dont l’œuvre est avant tout un essai de critique négative, un examen sévère de tous les systèmes proposés avant l’auteur, enfin le travail considérable de M. d’Artois de Jubainville (1877, 1889-1890) ; on a reproché à l’auteur quelques rapprochements peu sûrs, des conclusions trop générales ; il n’en a pas moins été le premier à prouver combien, sur les points essentiels, l’archéologie préhistorique n’a fait que confirmer les assertions de ces vieux auteurs, aujourd’hui trop négligés.

Enfin, il faut noter en passant de quel profit a été pour l’étude de la société gauloise la science des antiquités celtiques renouvelée de nos jours. La connaissance plus parfaite des mœurs, des croyances, de la littérature du pays de Galles et de l’Irlande a éclairé d’un jour nouveau, par refiet pour ainsi dire, notre histoire primitive et fait mieux comprendre des auteurs tels que César, Diodore de Sicile ou Plutarque.

Presque tous les écrivains latins et grecs ont eu occasion de parler de la Gaule et des Gaulois ; on n’indiquera ici que les principaux historiens et géographes, en commençant par ces derniers.

Tout d’abord Strabon (66 av. J.-C — 25 ap.), né en Asie Mineure, dont l’ouvrage est une description pittoresque du monde connu des anciens. Pour la Gaule, il a utilisé les écrits perdus du philosophe Posidonius, qui, au Ier siècle avant notre ère, avait parcouru une partie des régions occidentales. Strabon est bien certainement l’un