Page:Momas - Voluptés bizarres, 1893.djvu/20

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— Oh ! moi, disait Suzanne, je n’ai pas eu de chance, vois tu ?… J’étais très amoureuse, tu t’en rappelles, mon Hélène ?… aussi, il me fut impossible de résister aux prières d’un beau jeune homme, M. de Lannoy, lequel me touchait de fort près, et je partis avec lui pour la Bretagne, abandonnant toute ma famille. Mon père conçut un si violent désespoir, qu’il contracta une maladie, laquelle l’enleva en moins de quelques jours… Bientôt, ma pauvre mère s’en alla le rejoindre, et je restais seule au monde, à vingt ans, sans autre appui que M. de Lannoy… Mais cet homme commençait à me fatiguer par ses exigences sans cesse grandissantes… Je le quittai, pour en prendre un autre… Puis, après celui-là un troisième, et ainsi de suite… J’ai été actrice, servante de brasseries, que sais-je encore ?… Mais à l’heure actuelle, j’ai un protecteur riche, un Russe, un type épatant, vicieux comme pas un, le seul qui puisse encore