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LIVRE I, CHAP. XV

fragments des légendes grecques furent à la même époque apportés chez les Latins ; on voit, en effet, se populariser rapidement les images créées par la statuaire des Grecs avec tous les attributs distinctifs dont les avait ornées la fantaisie poétique de ce peuple. Proserpine, dans le latin barbare d’alors devient Prosepna ; Bellerophon se change en Melerpanta ; le Cyclope en Coclès ; Laomédon s’appelle Alumentus ; Ganymède, Catamitus ; le Nil, Melus ; Sémélé, Stimula ; faisant voir, par la dégénérescence même des noms, combien est ancienne l’époque où les récits légendaires s’étaient ainsi propagés dans l’Italie du milieu. — Disons enfin un mot de la grande et principale fête de la cité romaine (ludi maximi Romani), qui, si elle n’a pas été importée de Grèce, lui a du moins emprunté plus tard les plus importants épisodes de ses rites. Instituée d’abord comme une solennité extraordinaire d’actions de grâces pour l’accomplissement du vœu formé par un général au moment de livrer la bataille, elle devint la fête habituelle du retour de l’armée à la saison d’automne. Les soldats citoyens montaient au Capitole et remerciaient Jupiter et tous les dieux qui y habitaient avec lui. Le cortège passait par le Grand Cirque, élevé entre l’Aventin et le Palatin, avec son arène et ses gradins pour les spectateurs ; les jeunes garçons marchaient en tête, rangés dans l’ordre des divisions de l’armée, cavalerie et infanterie ; puis, derrière eux, les lutteurs et les bandes de danseurs que nous connaissons déjà, chacune avec sa musique ; ensuite venaient les serviteurs les dieux avec les vases thuriféraires et les autres ustensiles sacrés ; enfin, les dieux portés sur des brancards. La solennité de la fête était l’image de la guerre de ces temps ; on luttait sur les chars, à cheval et à pied. Les premières courses étaient celles des chars ; chacun de ceux-ci, à l’instar des récits homériques, avait son cocher et son guerrier ; puis,