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L’ART

le guerrier sautait à terre pour combattre encore, puis venait le tour des cavaliers avec leur cheval de combat et leur cheval de main (desultor), suivant la mode romaine : enfin, les gens de pied, ne portant qu’une simple ceinture aux hanches, disputaient le prix de la course, de la lutte proprement dite, et du pugilat. Il n’y avait jamais qu’une seule lutte ouverte, et que deux rivaux engagés pour le même prix. Le vainqueur recevait une couronne, et tel était l’honneur attaché à cette simple palme, qu’à sa mort, elle était déposée sur sa bière. La fête ne durait qu’un jour ; et après les joutes, il restait assez de temps encore pour les réjouissances du carnaval romain. C’est alors que les danseurs déployaient leur agilité et se livraient à mille folies. Enfin, d’autres jeux encore, les courses des jeunes cavaliers, par exemple, achevaient la journée[1]. Les distinctions gagnées dans les combats jouaient aussi un grand rôle dans la fête : le guerrier heureux exposait aux yeux de tous l’armure de l’ennemi abattu, et recevait une couronne de la cité reconnaissante.

Ainsi se célébrait la grande fête romaine, ou de la Victoire : nous nous représenterons facilement, d’après les détails qui précèdent, les solennités à peu de chose

  1. Nous répétons que la grande fête n’a duré qu’un jour dans les anciens temps ; car au vie siècle de Rome, elle consacrait encore quatre jours aux jeux scéniques, et un jour à ceux du cirque. (Ritschl, parerga, L, 313) : or, il est notoire que les jeux de la scène furent une innovation des temps ultérieurs. On ne luttait aussi qu’une fois pour chaque espèce de prix. Tite-Live le dit (xliv, 9) ; et ce fut enfin une innovation que de voir un beau jour vingt-cinq paires de chars courir successivement (Varr., dans Servius, Georg. iii, 18). Deux chars ou deux cavaliers seulement couraient à la fois, et il n’y avait de même qu’un couple de lutteurs. Jamais, en effet, le nombre des chars ne dépassa celui des factions ; or, dans ces temps, on ne comptait que deux factions ou camps, celle des blancs et celle des rouges. On sait que César rétablit les courses à cheval des Éphèbes patriciens, ou les courses Troyennes, comme il les appelait, et les plaça parmi les jeux du cirque. Sans nul doute, elles se rattachaient à l’antique Procession des jeunes garçons, montés et rangés à la façon des soldats citoyens de l’armée (Den. d’Halyc., vii, 72.)