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ports égyptiens s'étaient fermés devant eux : mieux valait cent fois un lourd tribut; mieux valait payer à juste échéance les lourds impôts exigés par Ninive ou Memphis ou aller avec leurs flottes livrer des combats sur toutes les mers pour le compte des rois leurs suzerains. De même que, chez eux, les Phénicien sacceptaient le joug d’un maître, de même au dehors ils ne se laissaient guère entraîner à échanger les paisibles pratiques du commerce contre les hasards d’une politique ambitieuse. Leurs colonies sont des comptoirs: apporter des marchandises aux indigènes, exporter leurs produits; voilà leur grande affaire! lls n’ont souci, d’ailleurs, d’occuper de vastes territoires dans les pays lointains, et de s’y consacrer aux longs et difficiles labeurs de la véritable colonisation; Avec leurs rivaux mêmes, la guerre leur répugne; c'est presque sans résistance qu’ils se laissent expulser de l’Égypte, de la Grèce; de l’Italie, de la Sicile occidentale. Aux jours des grandes batailles jadis livrées dans les eaux de la Méditerranée vers le couchant, à Alalie (217)537 av. J.-C. (I, p. 197), à Cymé(280)474. (ll, p. 106); les Étrusques, bien plus que les Phéniciens, avaient eu à supporter le poids de la lutte contre les Grecs leurs communs adversaires. La concurrence commerciale devient-elle inévitable, ils entrent en accommodement du mieux qu’ils peuvent : jamais, par exemple, ils n’essaieront la conquéte de Massalie ou de Cœré; encore moins leur humeur les pousse-t-elle aux guerres offensives. Une seule fois, dans les anciens temps, on les vit prendre les premiers les armes : partis des côtes d`Afrique, ils étaient descendu en foule en Sicile: mais dans cette circonstance encore ils agissaient en sujets obéissants du Grand-Roi; et pour n'avoir point à prendre part plus directement à la grande invasion médique, ils marchaient contre les Grecs occidentaux. Dans les mers de l'ouest (II, p. 105), on a vu