Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 5.djvu/367

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_ LA CONSTITUTION DE SYLLA 363 ` oligarchique et des notions politiques du monde ancien. Collége institué d’abord pour preter conseil aux magistrats ` 'supremes, il est devenu avec le cours des temps un pouvoir _ supérieur à ces mêmes magistrats, et pouvoir dirigeant : · des lors, quoi de plus rationnel que de retirer à ceux-ci le · droit'qu’ils ont exercé jusque-là de nommer et de casser · les sénateurs; et d’asseoir le Sénat enfin sur le fondement légal de l'ancien pouvoir exécutif.4Laisser aux censeurs leur droit exorbitant de révision des listes, leur droit arbitraire de radiation ou d’inscription des noms sénato- riaux, eût été un gros contre-sens envers toute oligarchie constituée. Au contraire, l’élection aux questures assurant aujourd’hui le recrutement suffisant et régulier des siéges A I vacants, la révision censoriale devenait superflue. Elle fut · · donc abandonnée,, et par la fut définitivement établi et consolidé dans Rome le principe essentiel de toute oligar- ` chie, à savoir_ l’inamovibilité a vie des membres de l’ordre aristocratique, une fois pourvus du siége et du vote dans la Curie. - En ce qui touche le pouvoir légiférant, Sylla se contenta · de remettre en vigueur les institutions de 666 et d’assurer 88 av, J_-C_ au Sénat, à l’encontrc des tribuns, tout au moins, une ini- Rég,,,,,,,,,, tiative légale, qu’il pratiquait d’ailleurs depuis longtemps. rc;::;’f;‘î‘c§;e· Le peuple, en la forme, demeure le souverain : mais, I en conservant le nom des comices (le maintien de ce nom était indispensable), Sylla prit soin de leur oter toute action efficace. Envers le droit de cité meme, il affecta un véri- table dédain, ne mettant aucune difficulté à en doter en _ masse des villes à nouveaux citoyens, des Gaulois, des Espagnols : d’autre part, ne prenant aucune mesure, et‘ sans doute il dessein, pour la confection des roles civiques. > Certes, au lendemain d'une tellecrise, leur révision eût été · bien nécessaire, si le gouvernement actuel eut entendu _ prendre au sérieux les droits légaux attachés à-la posses- ·sion de la cité. Du reste, la compétence législative des comices ne subit _pas d’atteintes directes, et il.n’était pas ·