Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 7.djvu/283

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· u . ILERDA - *279 - ` au camp devant Utique, quant aux équipages de la flotte _ qui pouvaient sans peine regagner la Sicile, ils se rendirent à Varus, le jour qui suivit, terriiiés qu’ils étaient par la catastrophe sanglante du Bagradas (août ou septem-. bm 7()5)_ as av. J.·C. _, Ainsi finit l’expédition envoyée par César en Sicile et en Afrique. Elle ne laissait pas que d’avoir atteint son but C principal. La Sicile et la Sardaigne ayant été simultané- · ment occupées, il était paré par la aux plus urgents besoins · de la capitale. Que si l’on avait échoué dans l’entreprise sur l’Afrique, les vainqueurs, il faut le dire, n’en retiraient point un grand et décisif avantage: ce n’était·point pour . · César une perte irréparable que_ celle des deux peu _solides_ . légions conquises naguère à Corlinium. Mais pour lui, pour Rome elle-méme, la mort prématurée de Curion I ` était un immense malheur. Le général avait eu ses mo- ' tifs en _choisissant pour un grand et indépendant com- ` mandement ce jeune homme, novice dans le métier des C armes, et qui n’éLait fameux encore que par les scandales I de sa vie privée. Chez Curion, il y avait l’étincelle du génie de César. Comme César, il avait vidé jusqu’à la lie ` la coupe des voluptés: comme lui, il avaitété homme ` d’Etat, sans passer d’abord par le métier de capitaine, et . la politique, sa premiere institutrice, lui avait mis l’épée à la main. De même son éloquence ignorait les périodes _ ‘ arrondies, il parlait en homme qu’inspire une haute pensée'; de même il menait hardiment, rapidement la , dont César, au contraire, voudrait excuser la témérité folle. La mort de Curion a inspiré à Lucain debeaux vers (Phars. 4. 799 et Sql). Quid mmc roslra tibi prosunl turbatà, forumqueîh., 4 Puis, son invective tourne aussi bientôt à 1'éloge et aux regrets: 4 Digna damus, juvenis, merilœ prœconia vitœ! Haud alium tanto civem tulit indole Roma ...., ] • [V. ses` discoursà ses otliciers en conseil de guerre, et à ses soldats (B. civ. 2. 31, 32). Sans doute, c’est César qui les met dans ' sa bouche; mais César n’écrit que sur le rapport des témoins auri- ' culairesl ·- V. p. 213, n. 2.]