Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/117

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César- pour un · droit utile appartenant à la cité-reine, et dont la prestzttion, puisqu’elle était reine, demeurait a la charge desgsujets. .César s’empressa d’abolir le principe mais il ne pouvait oublier que, sans l’annone, une foule de citoyens absolument misérables eussent été condamnés à mourir de faim. Il la maintint donc de fait; L'annone sempronienne, ·renouvelée par Caton (V. supra, p, 104), octroyait a tout citoyen le droit a son lot gratuit en céréales ; et, sous ce régime, -la liste des bénéficiaires au dernier `état _n’allait pas à moins de 320,000 noms: César en fit rayer tous les individus aisés ou autrement pourvus : elle tomba aussitôt à 150,000, nombre maximum des parts fixé une fois pour toutes 1.1] décida que tous les ans elle serait soumise à révision, et qu'il serait pourvu, par l’inscription des postulants les plus nécessiteux, aux vacances ouvertes par la mort ou la sortie des titulaires. Le privilège politique créé par les Gracques se changea en un secours au paupérisme.

Inauguré pour la première fois, un dogme important entrait en scène, et se faisait sa place dans l’ordre moral et dans l’histoire. Ce n'est que lentement et par degrés que la société civile`s’avance vers la solidarité des intérêts: dans l’antiquité primitive, on voit.bien I’Etat proteger les siens contre l’ennemi du dehors et contre le meurtrier; mais il ne se croit pas tenu de fournir au citoyen,·dans l’absolu dénûment, les moyens nécessaires à sa subsistance, et de le défendre contre l’ennemi le plus dur, contre la faim. La civilisation athénienne, d'abord dans les lois de Salon et des successeurs de Solon, avait émis cette maxime que ~la cité a le devoir de prendre soin de ses invalides et généralement de ses pauvres, mais cette règle civique n’avait pas depasse les étroites limites de la société athénienne: César en fait une institution organique`. Avant lui-, elle était pour l’Etat un fardeau et une

I [Suet Caes. 4l. Dio, 44, 2l. T. Liv. Èpitom. 115.l -.