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UNE ŒUVRE D’ARTISTE

les larmes si le ciel ne lui eut repris les deux blonds chérubins, vivants sourires du paisible foyer. Cette épreuve lui fut douloureuse ; mais il lui restait l’espérance ! Peut-être que de nouveau un autre petit être viendrait combler le vide ? La jeune femme comptait sur l’avenir et sur Dieu. Elle était encore heureuse !

Hélas ! ce demi-bonheur lui-même touchait à sa fin. D’autres douleurs allaient atteindre Louise dans son cœur d’épouse et dans son âme de chrétienne.

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Marius Guéridou se rendait souvent à Toulon, où les exigences de son métier de forgeron l’appelaient. Un jour, pour son malheur et celui des siens, il fit la rencontre d’un ancien camarade d’atelier, qu’il avait connu à Lyon durant une des étapes de son « tour de France ». Ce dernier était entièrement gagné aux doctrines malsaines qui, de nos jours, corrompent la classe ouvrière. On renoua connaissance. Le lyonnais était un beau parleur, il avait l’élocution facile, ce qui exerçait un certain prestige sur Guéridou, lequel avait en quasi-vénération les « hommes instruits » et les « savants ».

Pour mieux causer (on avait tant à se dire après une si longue séparation !) l’ouvrier conduisit son ancien compagnon au cercle des Indépendants, dont il était lui-même l’un des membres les plus assidus.

Guéridou, dès ce premier entretien, apprit de la bouche de son ami des choses toutes nouvelles pour lui, qui contrecarraient diamétralement ses sentiments d’honnête homme et de chrétien.

Le lyonnais était franc-maçon, il avait au cœur deux haines : celle de l’Église et celle du « bourgeois ».