II
L’Abbé Joseph Montmoret était le fils d’un soldat et d’une sainte.
Il avait hérité de la bravoure de son père et de la piété, à la fois virile et tendre, de sa mère.
Son enfance et son adolescence s’étaient conservées dans une entière innocence ; le jour de sa première communion le petit Joseph avait eu le rare privilège d’apporter à son Dieu un cœur paré encore de sa candeur baptismale.
L’expression de sa physionomie, ouverte et résolue, révélait une âme droite et une énergie peu commune : il y avait en lui l’étoffe d’un saint et d’un héros.
Un jour — Joseph Montmoret venait d’atteindre sa seizième année — il se présentait devant le vaillant général de Charette, lequel se disposait avec l’aide de ses zouaves, à voler au secours de l’illustre Pie IX dont les états avaient été envahis par les troupes de Garibaldi.
« Mon Général — lui dit l’adolescent d’un ton ferme et décidé — je viens solliciter la faveur d’être enrôlé dans votre bataillon.
— Mais, répliqua Charette, ému néanmoins de la noble démarche de l’enfant, tu es bien jeune pour t’exposer au feu de l’ennemi.
— J’ai seize ans, mon général, et je suis orphelin ; si je meurs au combat je ne ferai donc faute à personne ;