Aller au contenu

Page:Monge - Coeur magnanime, 1908.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
UNE ÂME DE PRÊTRE

III


Au lendemain de son ordination, Monseigneur, en lui assignant son nouveau poste, lui disait, non sans émotion : « Mon fils, la paroisse de Moustiers-Saint-Louis, qu’aujourd’hui je confie à votre ministère, est hélas ! peu fervente. Je vous avertis que vous aurez beaucoup à souffrir et beaucoup à lutter pour opérer quelque bien ; mais ce qui me rassure, c’est que vous devez être aguerri au combat ; car, ajouta malicieusement le prélat, le sergent Montmoret ne doit pas être tout à fait mort en vous. Courage, mon cher enfant, Dieu vous secondera dans votre pénible tâche et j’ai la douce confiance que Sa grâce et votre zèle ne tarderont pas à accomplir des prodiges. »

Le Dimanche suivant le nouvel ordonné prenait possession de sa petite cure. Monseigneur avait dit vrai, les habitants de Moustiers-Saint-Louis, en matière de religion, vivaient dans la plus insouciante indifférence ; le pauvre prêtre en fut navré ! Sur les trois cents foyers qui composaient sa petite paroisse, c’est à peine si le quart assistait à la messe le dimanche et encore dans ce faible nombre fallait-il inclure quelques hommes, qui abandonnaient aux femmes la pratique du devoir pascal.

L’Abbé Montmoret, les premières heures d’abattement passées, retrouva bien vite son énergie native : il