n’était point homme à gémir et à laisser faire. Au soir de sa première journée d’apostolat, qui lui avait fait prévoir tant d’obstacles, il s’agenouillait aux pieds de la Sainte Vierge, et dans un langage plein de foi et quelque peu original — derniers vestiges de sa primitive carrière — il lui disait : « Ma bonne Mère, si vous le voulez, eh bien ! nous allons travailler à nous deux. Le diable je le vois, a établi ici ses quartiers généraux, il faut que nous l’en délogions et que nous lui arrachions les pauvres âmes qu’il tient sous son infernale domination. L’ennemi est puissant, j’en conviens. Seul je ne pourrai le vaincre ; mais vous, ma bonne Mère, l’Écriture nous le dit « vous êtes terrible comme une armée rangée en bataille » ? Si donc vous êtes avec moi le succès est certain et tous les mécréants de Moustiers-Saint-Louis ne tarderont point à devenir des chrétiens modèles. Vous serez mon « général » et moi je combattrai sous vos ordres. Je sais quelles sont les armes qu’il va me falloir opposer à l’astucieux adversaire que je veux vaincre ; « il me faudra beaucoup prier, beaucoup souffrir ; mais, bah ! j’ai été soldat, je suis accoutumé à la dure ; allez, ne m’épargnez pas. Je suis prêt à tout, j’accepte tout et j’abandonne entre vos mains mes chétifs mérites pour que vous en disposiez en faveur de mon petit troupeau que je veux, coûte que coûte ramener au bercail de la Sainte Église. »
Une telle charité ne pouvait demeurer stérile. Au bout de quelques mois d’un laborieux apostolat l’Abbé