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CŒUR MAGNANIME

« C’est la photographie de votre sœur, sans doute, qui repose sur votre table de travail ? » — Oui, lui ai-je répondu. — Elle est belle. Vous lui direz, ajouta-t-elle gentiment, que je l’aime bien, sans la connaître, et que nous vous aimons beaucoup ; peut-être que cela lui fera plaisir. »

Je te transmets son naïf message ; je crois que cette enfant te serait sympathique, c’est dommage que vous soyez si loin l’une de l’autre, elle aurait tant à gagner à ton contact ; elle me paraît très malléable ; le sérieux lui manque, c’est un petit être bien futile ; il faut dire qu’elle est si jeune ! et ses parents ne s’entendent qu’à la gâter ; heureusement qu’elle est douée d’un bon cœur, c’est là une grande ressource pour l’avenir.

Elle me questionna beaucoup aussi sur les Canadiennes.

« On dit qu’elles sont jolies, est-ce vrai. Monsieur ? »

— Mon Dieu, Mademoiselle, ce n’est pas à moi à faire l’éloge de mes charmantes compatriotes, cependant je dois vous dire que si elles ne sont pas toutes jolies, il n’y en a point de laides.

— Une femme qui n’est point laide, répliqua-t-elle, est presque belle »

« On les dit heureusement douées et instinctivement musiciennes ? »

— C’est encore exact, Mademoiselle, le sentiment de l’art est très développé chez elles.

— « Alors, reprit-elle, ce sont de véritables raretés. C’est heureux qu’elles soient loin, j’en serais peut-être jalouse ! »

— Oh ! mademoiselle, me suis-je empressé de lui répondre, vous n’avez pour votre part rien à envier de