Aller au contenu

Page:Monographie de l'abbaye de Fontenay, seconde fille de Clairvaux.pdf/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 22 —

par les Darcey, qui y avaient choisi leur sépulture ; la suivante, de tous les Saints.

Cette église, construite de 1139 à 1147, rappelle bien l’influence du génie architectural de cette époque. Le commencement du xiie siècle s’y montre avec le gothique naissant qui n’admet encore aucune combinaison d’autre construction. Le style si sévère du roman, si sobre d’accessoires et d’ornementations, s’harmonisait parfaitement avec les mœurs austères et la simplicité des Bernardins. D’ailleurs, le mélange des deux styles représentait les deux éléments dont se composait l’ordre cistercien, l’ascétisme contemplatif de l’Orient et la vie active des moines d’Occident. Il y avait deux mondes dans les pierres de l’édifice comme dans les pieux cénobites qui y venaient prier.

Cette église dut se ressentir de l’esprit primitif de Cîteaux, esprit de détachement, d’abnégation, de simplicité vraiment évangéliques qui s’efforçait de rejeter du sanctuaire, comme une scorie impure, l’or, l’argent que le monde y aurait apportés, n’en voulant ni pour les ornements sacerdotaux, ni pour les vases sacrés, ni pour la croix, ni pour les chandeliers, ni pour les autels; répudiant les sculptures, les tableaux, les images, les vitraux peints, les lustres, en un mot, tout le décor ordinaire du temple non comme indigne de Dieu, mais comme contraire à la pauvreté et à la gravité monastiques, l’âme d’un religieux devant trouver en elle même assez de force et d’énergie pour s’élever au ciel sans le secours de ces intermédiaires. (Statuts du. chap. génér. de Cîteaux en 1134.)

Il fallait que ce temple, par son style s’alliât au