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Page:Monographie de l'abbaye de Fontenay, seconde fille de Clairvaux.pdf/32

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sombre aspect de la nature, au site sauvage, aux côteaux voisins, au bruit du ruisseau, aux grands arbres de la forêt dont les cimes devaient se balancer majestueusement au niveau de la flèche, et à l’humble cloître assis à ses pieds.

Voilà le corps de l’église organisé. Maintenant il faut que la religion souffle sur ces pierres pour les animer. Mettez un autel avec un tabernacle sous l’arc triomphal du transept ; sur les degrés de l’autel un prêtre en oraison, ayant à ses côtés diacre et sous-diacre, en bas le cercle des acolytes et des officiants ; la table sainte environnée des anges de la terre ; au chœur, cent religieux en habits blancs, immobiles dans leurs stalles, alternant d’un ton grave et pieux des psaumes et des hymnes ; au fond la foule des pèlerins agenouillée ; à droite et à gauche une multitude de Chevaliers, de Barons, dont l’armure étincelle dans l’ombre, dont le cliquetis trouble légèrement le recueillement de la prière ; des nuages d’encens qui montent vers le ciel ; les vitraux vibrant sous les échos ondulatoires de tant de voix si différentes ; le son des cloches qui ébranle les airs et semble emporter la prière vers le trône de Dieu ; ajoutez, pour compléter ce tableau, l’ombre se levant de toutes ces pierres sépulcrales à demi—usées par les pas des moines ; du sein de cinquante cénotaphes sous lesquels gisent les hauts et puissants seigneurs, les Montbard, les Mellot, les Grignon, les Rochefort de Frolois et de Molinot, les sires de Thil, de Darcey, de Touches, de Grancey, de Quincy et autres, ayant les mains jointes comme pour implorer la pitié des moines et demander le suffrage de leurs