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Page:Monographie de l'abbaye de Fontenay, seconde fille de Clairvaux.pdf/72

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Par ces vœux. ils avaient droit d’assister à tous les exercices claustraux, de s’asseoir à la mense conventuelle, d’y prendre la même nourriture que les religieux. « Ils valent, dit l’auteur du livre des Us, ce que nous valons, le prix du sang d’un Dieu. De quel droit établirions—nous une différence de régime, puisqu’il est certain qu’ils sont nos égaux, sous la loi de grâce et de rédemption? Serait-ce parce qu’ils sont plus simples ou plus ignorants que nous ? Mais la raison nous conseille d’en prendre plus de soin et de pitié. »

Ces convers étaient des fils de pauvres laboureurs, de malheureux manœuvres, des serfs persécutés qui se sauvaient du despotisme cruel de la féodalité pour respirer à l’ombre du cloître l’air de la liberté. Les enfants des barons, des chevaliers et des écuyers formaient la majeure partie des religieux profès ; par les frères convers, ils donnaient la main aux pauvres enfants des manants, les attiraient, les élevaient jusqu’à eux; de la sorte les deux extrémités sociales se trouvaient reliées et égalisées dans le cloître. (Morimond.)

Sous la direction d’un prieur, ces frères lais cultivaient les terres de l’abbaye et habitaient ordinairement les métairies où le Pape Martin V leur avait permis de faire les offices quand ils étaient trop éloignés du couvent.

Pour entrer dans la communauté, ils s’offraient ad conversionem, comme un Haymon de Marmagne.

Il faut distinguer des frères convers qui entraient de leur propre consentement au couvent, les Deodat, les Oblati ou Donati. Ceux—ci étaient ou des enfants,