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furent de puissants moyens pour l’accomplissement de cette mission, n’en auraient pas fait le succès si elles n’eussent été d’accord avec le sentiment universel. S’il est un fait incontestable, c’est que le Pape au moyen âge a exercé une grande puissance sur les souverains, qu’il les a jugés, excommuniés, et souvent même il a déclaré les sujets de ces princes déliés du serment dé fidélité. (de Maistre.)

Le pouvoir temporel du Pape a toujours été singulièrement faible ; il n’avait ni grande armée ni grande flotte, ou du moins son armée, sa flotte étaient bien inférieures à celles des rois avec lesquels il guerroya. D’où lui serait donc venu cette force qui lui donna le triomphe, si ce n’est de l’opinion générale ?

Le sacre et l’excommunication sont les deux termes des rapports de la Papauté avec les souverainetés temporelles… L’excommunication mettait hors de la société religieuse le pouvoir qu’elle frappait ; elle le mettait du même coup hors de la société politique, animée du même esprit que la société purement religieuse ; nul n’aurait pu supposer, avec les croyances et les opinions du temps, qu’un personnage séparé de la société religieuse eût pu conserver un pouvoir social ou politique.

La Papauté au moyen âge doit être considérée comme essentiellement constituante. C’est elle qui, au moins on droit, se vit appelée à consacrer l’autorité temporelle à travers les limites où elle devait se renfermer. C’est elle qui la frappait quand elle s’écartait des conditions de son investiture. C’est cette puissance qui garantissait le respect de la propriété. (Gorini. III.vol. 274.)