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Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/116

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CHARLES MONSELET

j’ai fait de lui dans le Monde parisien. Mais je suis particulièrement charmé de voir l’auteur des Jeune France content. C’est physiquement et moralement tout à fait l’homme de ses ouvrages : un beau garçon, grand, brun, trente ans, aux longs cheveux, vêtu de noir et boutonné, en gants jaunes. Il cause avec moi de Ponsard qu’il traite de vidangeur ; il raille les bourgeois ; du reste, très bon enfant, décoré, et traitant les ministres de canailles.

Vendredi. — Je fais des vers pour l’Artiste et je commence une revue de l’année pour l’Époque.

Samedi. — Travail.

Il paraît que c’était hier Noël. — Je m’explique à présent pourquoi il y avait tant de monde à mon restaurant. Cette recrudescence d’appétit, un vendredi, m’intriguait fort ; mais alors, si c’était Noël, c’était donc aussi réveillon. Et je me suis couché benoîtement à onze heures.

Ô ciel, mais si c’est déjà Noël, c’est donc bientôt le premier de l’an ! Sapristi ! l’époque des étrennes, strenna, comme disait la Revue Bordelaise. — Mon gousset est déplorablement vide.

Dimanche. — L’Artiste n’a pas inséré mes vers ; pourquoi cela ? le truand !……………………………………………………

… Tâchons de combler les lacunes de mon journal intime. Depuis le 1er janvier de la nouvelle année, je possède une fièvre de rhume qui me laisse à peine le loisir de travailler. C’est du reste tout ce que je possède. Houzé ne peut suffire à tous mes besoins, l’Époque est tirée à hue et à dia, Solar ne la signe plus et ma revue de l’année me semble aventurée diantrement. On dit que Solar va se remettre à faire des vaudevilles. Reste donc l’Artiste. Ah ! l’Artiste !

Mon tailleur me pourchasse. Ma propriétaire me laisse manquer de bois et de tisane. Je tousse comme un bœuf et la