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SA VIE, SON ŒUVRE

d’une vague paresse, préoccupé malheureusement de la copie à ftaire, de l’article à terminer.

« Je ne voyage pas disait-il un jour — je vais travailler ailleurs, voilà tout !… »

Mais quelle joie lorsque sa flânerie naturelle, l’entraînant tout à coup loin des flèches et des dômes, le pousse instinctivement et l’amène dans quelque ruelle étroite où se tiennent d’ordinaire les libraires, les bouquinistes, les étalagistes ! Quelles délices lorsque, furetant et fouillant, il découvre, comme dans la rue Gourmande, à Toulouse — sous un lot de vieilles grammaires ?… « une perle, uu bijou, une rareté entre les raretés » — l’Imitation, de l’édition Cazin, avec la figure de Marillier, c’est-à-dire un petit livre pour lequel les amateurs donnent habituellement carte blanche aux libraires-commissionnaires ! »

C’est principalement à Bruxelles et à Londres que Charles Monselet retrouve ses chers bouquins — et ses amis les bouquinistes : à Londres, où, dans une petite rue, parallèle au Strand, étroite et obscure, se tiennent les librairies équivoques, les marchands d’estampes coloriées ; — à Bruxelles, qui nous envoie à pleins tombereaux des volumes de galanteries pour lesquels il n’y a plus de frontières.

«  … C’est une vieille tradition dans la Belgique, et par extension dans tous les Pays-Bas, qu’on y peut imprimer tout ce qui n’est pas autorisé en France. Les presses du xviiie siècle en font foi. Pays de liberté illimitée, même de licence…

» … Un des premiers promoteurs de ce mouvement galant a été l’éditeur Poulet-Malassis, qui, vers 1863, alla planter sa tente à Bruxelles et inaugura une série de productions clandestines qui avaient pour excuse une typographie irréprochable, etl des notes explicatives très malicieuses et surtout très littéraires. C’est de cette époque que date la publication