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SA VIE, SON ŒUVRE

auquel il a consacré plus d’une heure de délicieuse flânerie entre deux chapitres de roman : Paris, qu’il a décrit dans ses coins les plus pittoresques, — feuillets légers arrachés à l’histoire de la grande ville pour prendre place en marge des grands mémoires de notre temps.

Les récits de voyage de cet agréable et spirituel conteur sont tout entiers contenus en deux volumes : De Montmartre à Séville et les Promenades d’un homme de lettres.


Ainsi voyageant, ainsi écrivant, Charles Monselet continue à produire sans interruption ; M. Pierre Véron a tenu à rendre cette justice à l’un de ses confrères (Petite Presse illustrée, no du 23 février 1886) :

« … La destinée de Monselet a été une perpétuelle antithèse.

» La nature l’avait fait passionnément paresseux. Sa profession l’a condamné à un labeur ininterrompu.

» C’est effrayant ce qu’a produit celui dont le rêve était de flâner toujours et partout, l’hiver sous le soleil de Nice, l’été sur les quais de Paris en compagnie de ses chers bouquins.

» Car Monselet est aussi uu bibliophile de premier ordre, dénicheur d’éditions rarissimes et de pièces curieuses.

» Aussi s’est-il toujours réjoui de sa collaboration au Moniteur et au Monde illustré, qui lui fournit de fréquents prétextes pour venir passer sa petite revue des parapets.

» Il a déniché des merveilles dans ces explorations hebdomadaires. »

Charles Monselet a publié à la librairie de Michel Lévy un livre dont le titre — les Armées de gaîté — reflète singulièrement cette époque qui précède 1870, — années de gaîté, en effet, et même d’ivresse pour la France, tout à la joie et qui s’endort au milieu des plaisirs sans songer que le réveil sera terrible ; années de succès pour l’auteur en particulier qui boit avec délices à cette coupe enchantée qu’on appelle la vogue.