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Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/255

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SA VIE, SON ŒUVRE

regarder comme quitte envers leurs auteurs. Les seuls qui pourraient s’aviser de réclamer seraient ceux dont il conserve pieusement les productions… pour leur épargner l’humiliation de se voir délaisser aux enchères.

» Ce catalogue n’est-il pas d’ailleurs lui-même un nouvel et dernier article ? On y trouvera des appréciations, des biographies en trois lignes, des portraits microscopiques, mais fidèles. L’anecdote y fleurit, toujours inédite et piquante. Il y a là uue ressource pour les Mémoires du temps. Dans cinquante ans, cet essai aura sa valeur exacte… »

Après quoi Monselet rentre dans le rang, c’est-à-dire recommence à s’escrimer vaillamment de la plume dans les petits journaux qui l’accueillent à bras ouverts : — on le retrouve en effet à la Chronique illustrée et au Musée des Deux Mondes, de Bachelin-Defloreuue, au Paris à l’eau-forte, de Richard Lesclide, à la Revue musicale et dramatique d’Armand Gouzien, etc.

Le 26 février 1872, il adresse la lettre suivante à M. Millaud, directeur du Petit Journal (no du 26 février 1872) :


À Monsieur le directeur du Petit Journal,

Il y a quelques années, à une époque où j’écrivais plus fréquemment qu’aujourd’hui dans le Petit Journal, vous me disiez souvent : « Ne vous y trompez pas ; notre carré de papier, si petit, si modeste qu’il soit, a des lecteurs à tous les étages de la société ; il pénètre aussi bien à l’Institut que dans les loges de concierge, et si je vous montrais nos registres, vous verriez que nous avons les mêmes abonnés que la Revue des Deux Mondes. »

Vous disiez vrai, mon cher ami.

Un beau jour, comme pour justifier vos paroles, M. Sainte-Beuve, en quête de découverte et en veine de bienveillance, s’avisa de signaler dans ses Lundis les courtes chroniques que je donnais alors au Petit Journal, feuillets légers de l’histoire contemporaine, tableaux parisiens, croquis de la rue, anecdotes au crayon.

L’illustre critique s’était baissé, et comme un autre Vincent de Paul, il avait daigné recueillir dans son manteau ces enfants perdus de la littérature à un sou.