deux battants, a écrit ceci à la mort de mon père (Illustré moderne, 26 mai 1888) :
« … Personne ne l’a dit assez : Monselet travailla beaucoup, et travailla surtout pour sa famille. Il eut jusqu’à la fin toutes les vertus patriarcales et bourgeoises, ce joyeux M. de Cupidon, que la légende représente fourchette en main et couronné de roses. »
Et Carjat, ami intime et fidèle, a célébré en vers le père de famille (Artiste et Citoyen, Paris, 1886) :
… Lorsqu’il passe comme un bourgeois.
Les jours où le ciel est en fête,
Ses chers gamins au bout des doigts,
On aime à voir ce groupe honnête.
Papa sourit aux moindres mots
De la cohorte babillarde,
Et mouche au besoin les marmots :
Tant pis si Buloz le regarde !
Il encourage l’appétit
D’André qui croque une brioche.
Et pousse Étienne, plus petit.
À mettre un baba dans sa poche.
À Louise, blond feu-follet,
Il achèterait des culottes,
Pour Clotilde, s’il le fallait,
Ses gros doigts feraient des cocottes…
Ce n’est que vers la fin de sa vie que Monselet revint complètement prendre place au milieu des siens : il y trouva les soins et le dévouement que l’état de sa santé réclamait.
Mais alors sa gaîté commença à s’évanouir, son appétit vint à disparaître ; la serviette glissa un jour à ses pieds, et papa s’endormit à table. Ce jour-là, nous échangeâmes un regard navré, comprenant que c’était la fin. Hélas ! le martyre devait être de longue durée.
En dehors de chez lui, il faut rechercher également Monselet dans l’intimité de quelques esprits élevés de notre